Pourriez-vous nous dire quelques mots sur vous, votre parcours et vos convictions concernant la Bio?

Agricultrice, je suis installée depuis 1995, rejointe par mon mari par la suite, au départ sur un système de ferme classique comme ça se voyait couramment à l’époque : plusieurs ateliers, des cultures… Le tout en mode conventionnel. Petit à petit on est parti sur un système herbager, après notre adhésion au Civam 35 (Centres d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural 35).  Nos convictions écologiques sont là depuis très longtemps. [Mon mari] avait un peu de réticence à s’installer en agriculture bio, donc on voulait aller plutôt lentement. Le système herbager nous convenait bien parce qu’il était déjà très économe en intrant.

En 2008/2009 on a réfléchi, et on a sauté le pas en 2010 en adhérant à Biolait. Pour les convictions, comme je le disais, elles sont là depuis très longtemps. C’est l’environnement qui nous importe beaucoup et tout ce que représente l’AB colle aussi à notre projet de vie : ne pas avoir une logique de volume, avoir plus de temps pour concilier la vie de famille avec le métier… En 2008, il y a eu la crise du lait. On était déjà très proche du bio (arrêt des traitements par pesticides, seulement un apport minéral pour la culture du triticale), mais ce qui nous a fait sauter le pas c’est l’intérêt économique, comme beaucoup !

Qu’attendez-vous du projet TOFoo ?

Quand on reprend les objectifs du projet (assurer l’authenticité des produits bio, renforcer les moyens de protection actuels de la Bio, garantir le respect des pratiques autorisées, protéger les acteurs économiques, accompagner le dynamisme sur le long terme pour les filières bio dans leur ensemble), ce sont des objectifs auxquels, chez Biolait, on ne peut qu’adhérer. On a besoin de visibilité, de reconnaissance. Parce que le consommateur qui va acheter nos produits, on le voit aujourd’hui, c’est lui qui fait, aussi, le marché. Le consommateur a besoin de preuves. Il a une méconnaissance du cahier des charges de l’AB et des contrôles que l’on peut avoir. Pour lui c’est très conceptuel et il a du mal à s’imaginer ce que cela peut représenter pour nous. Donc avoir des preuves scientifiques, ça peut répondre à ce petit manque que l’on observe.

Biolait est membre du Conseil de filière du projet, quelles sont les raisons qui vous ont poussé à y participer ?

Biolait a répondu favorablement à la demande d’adhésion au Conseil de filière, car nous sommes un groupement 100% Bio et faire partie de ce Conseil répondait à nos objectifs. Il y a également des acteurs qui ne sont pas 100% Bio dans le Conseil de Filière, c’est toujours mieux d’entretenir un dialogue tous ensemble et c’est aussi peut-être une marge de progrès pour eux. Pour nous c’était évident de pouvoir suivre de près cette étude.

A ce stade du projet, que pensez-vous des premiers résultats obtenus ? 

Chez Biolait, nous fournissons une grande partie des échantillons de lait Bio pour le projet donc c’est aussi sur les résultats que l’on a une attente. Pour l’instant, il y a encore beaucoup de travail à faire sur les données pour avoir une vision précise et détaillée des résultats. Aujourd’hui, on n’a pas encore assez de matière, on est encore dans l’attente de la progression des expérimentations.

Au vue de la récente conjoncture du marché Bio du lait, pensez-vous qu’un projet comme TOFoo puisse renforcer la compétitivité de la filière biologique ?

Oui, évidemment on va communiquer, la commission lait du Cniel (Centre national interprofessionnel de l’économie laitière) aussi va intervenir, car effectivement c’est assez décevant. On était quand même sur des belles perspectives et là le marché des filières biologiques ralentit (parce qu’il n’y a pas que le lait évidemment qui est impacté), c’est assez dommageable.

Donc oui, si on a des preuves à apporter, ce projet TOFoo va nous aider à reconquérir le marché. Ce n’est pas notre seul but, mais c’est quand même bien notre raison d’être que de vendre notre lait, ou nos légumes, ou nos fruits…

Le label a besoin d’être sécurisé aussi. Le cahier des charges bio a été un peu oublié. Le label a été très concurrencé par des labels plutôt issus du conventionnel qui ont su rebondir, eux, par rapport au marché. Donc oui, il faut remettre les choses en place !

 

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